Maman qui aimait tant lire.....

(à la mémoire de ma mère)

Après avoir rendu un hommage à mon père qui a eu une enfance très dure, il est normal que je parle de ma mère. A l'origine de ce blog c'était pour parler des points de croix, et comme miss caro ne prend toujours pas des photos de mes ouvrages(depuis fin cotobre, création de ce blog) je me suis mise à faire une petite chronique familiale. J'aime beaucoup la chronique familiale de oubi et de ses objets anciens, et ce qui m'a décidé aussi pour cette chronique c'est l'ami internaut oubi, qui m'avait suggéré d'écrire sur mon père, comme je l'ai déja mentionné sur un article précédent.

Donc ma mère a eu une enfance heureuse contrairement à celle de mon père. J'ai plusieurs photos anciennes de sa famille,  celle de ses grands parents maternels que voilà et celle de sa grand-mère que voici. Je ne sais rien d'eux, malheureusement. Qui étaient ils qu'exerçaient ils, il est trop tard pour le savoir, du vivant de ma mère, on parlait rarement du passé, elle vivait au moment présent, tournée vers sa famille et son boulot qui comptait beaucoup pour elle.

J'ai aussi des photos de  sa mère , son père j'ai une photo délicieusement rétro que j'aime beaucoup, celle de leur mariage

. Je ne sais pas les dates, je pense que j'arriverais à le savoir par la mairie, je sais où ils se sont mariés. Mon grand-père maternel était un très bon menuisier, il me reste un  buffet qui a traversé la deuxième guerre, ainsi qu'une boite de couture, faite pour ma grand-mère qui était couturière.. Malheureusement je n'ai pas eu le bonheur de les connaître ils sont décédés bien avant ma naissance, et je sais que ma mère avait toujours du chagrin quand elle me parlait de ses parents, partis trop tôt .Vers les derniers jours de sa vie, j'entends encore sa voix qui me disait ", tu sais je les vois beaucoup tout de suite en rêve et je me revois beaucoup petite fille avec eux"...

Ma mère se rappelait beaucoup des robes de mariées que faisaient sa mère, c'était une excellente couturière, avec toute cette mousseline, ou de la soie ou bien d'autres tissus,qu'envahissaient leur logement. Celà l'avait beaucoup marqué. Malheureusement après la guerre les commandes se sont faites de plus en plus rares, l'ère industrielle arrivait, et les temps furent plus durs pour eux, Mais bon ma mère était fille unique, elle avait une vingtaine d'années lors de la guerre, elle travaillait  et était devenue secrétaire , donc elle a pû les aider.Ma mère était une excellente élève elle était toujours première de sa classe, elle avait même apprit l'anglais ce qui était assez rare pour l'époque.

Elles lisaient beaucoup toutes les deux, ils ont eu l'électrécité, très tard, et son père "bougonnait" tout le temps parce qu'elles usaient d'après lui trop de pétrole, ou trop de bougies...

J'ai eu des fous rire phénoménaux avec elle. Quand je suis partie de la maison, elle m'en a un peu voulue, elle me voyait un petit peu moins, mais ses fous rires sont revenues un peu  avec mes enfants, et quand dans ces  moments là elle n'allait pas trop mal.

Elle m'a raconté que pendant la guerre elle travaillait en vélo comme la plus part des gens de cette génération là, et un jour elle descendait la fameuse route de rouen qui descendait pas mal, elle a perdue le contrôle n'a pas pû s'arrêter en temps et alors là elle a carrément "embarqué" un militaire allemand qui traversait la route, sur sa roue avant, la roue s'est trouvée entre les jambes du militaire et c'est lui qui a bloqué le guidon et la maintenue debout elle avait faillit tomber dans le choc, ma mère était partagée entre la peur  de ce qu'elle venait de faire et le côté cocasse de la situation. Heureusement l'homme s'est mis à rire et a parlé en allemand. Ma mère s'est excusée en français et hop et repartit vite fait, elle l'entendait rire dans son dos.  Quand elle me racontait cette histoire on était pliée de rire toutes les deux.

C'est elle aussi qui m'a racontée l'histoire qu'elle tenait de mon père et de ses camarades prisonniers  S.T.O. . Quand les américains sont arrivés dans le camp mon père est arrivé dans un des premiers tanks et c'est lui qui avait un peu aidé à trouver la route du camp. En effet c'était la fin de la guerre celà tirait de tous côtés les allemands ont obligés les prisonniers à rentrer dans les cabanes en bois, et mon père profitant de la confusion générale, ni vu ni connu a réussit à s'échapper, et au bout de quelques kilomètres il est tombé sur les alliés américains... devant ses copains prisonniers il a eu sa petite heure de gloire. "tu te rends compte ton père!" me disait ma mère "non mais tu te rends compte!" à vrai dire avec le recul celà ne m'étonne  pas du tout.

Ma mère m'a dit aussi le jour où la ville a été libérée c'était moche comme tout, ce qu'elle avait vu et entendu, avec les pseudos résistants de dernière minute. Oui il y avait eu des femmes qui avaient fait la fête avec les occupants, oui c'est vrai il y en avait eues qui les regardaient de haut, et qui avaient eues la belle vie et n'avaient pas connues les tickets de rationnement, mais d'entendre cette foule, haineuse, elle me dit "tu sais c'était terrible"" les filles étaient tondues les vêtements déchirés". Elle m'a dit "tu sais avec mes parents on n'a fermé les volets, on n'a clos les fenêtres, on ne voyait pas l'intérêt de regarder ce spectacle". La libération était enfin là beaucoup de gens qu'ils connaissaient n'étaient plus, alors ah quoi bon donner dans la haine et le voyeurisme. Et c'est vrai qu'à chaque fois qu'elle en parlait elle était bouleversée. Les réglements de compte de dernière minute c'est trop moche, et dans le lot des "redresseurs de tort" il y en avait qui avaient été bien contents de récupérer des biens et des appartements qui avaient appartenus à des familles juives. Alors ce genre de donneurs de leçons de morale.....très peu pour eux, et je trouve qu'ils avaient bien eu raison d'agir comme ça.

Après la guerre elle rencontre mon père une  photo de leur mariage

j'avoue je les trouve classe et mon père a bien fière allure avec ses gants à la main...

Les années passent avec des hauts et des bas mais c'est la vie. Ma mère qui avait toujours été indépendante par la force des choses apprend à conduire, sans rien dire, et hop une fois qu'elle a eu son permis c'est là qu'elle nous le dit. Et là la liberté, plus de vélos, elle m'embarque dans les châteaux de la Loire,  à Villequier, au bec Hellouin, le château du Neubourg qui appartenait à l'époque à la famille Harcourt, à l'arboretum d'Harcourt, au musée de Rouen, au Château de Villandry, au château de St Germain de Livet.....elle adore visiter les châteaux, les musées, elle m'emmène au théâtre premier spectacle "la mort du cygne"....et puis hop elle me fait découvrir plein d'opérettes dont Valse de Vienne, elle m'a fait connaître Strauss, que du bonheur....Moi j'étais toujours prête à partir dans nos petites sorties.

Les années passent encore et elle est devenue une mamie, qui adore ses petits enfants, les miens eux savent s'en rendre compte, heureusement qu'au moins avec eux, elle n'a pas eu affaire à des ingrats. Ci dessous avec Caro

Et puis, après le départ de papa,le 17 décembre 2002, ci-dessus avec Alex tout petit,  le sien celà fera deux ans le 24 décembre 2007, alors laissons les reposer en paix et tirons le voile.........